Etna (ITA)

Cette nouvelle aventure n’est initialement pas pensée comme une excursion en montagne. C’est l’occasion d’un petit weekend dans la magnifique Italie. Cette fois c’est la Sicile avec objectif volcans. Quelques jours auparavant nous sommes montés en soirée au sommet du Strómboli, petit volcan-île effusif. Un superbe spectacle avec le couché du soleil et la lueur de la lave qui giclait toutes les 15 minutes. Nous voici de retour sur l’île principale à l’approche de l’Etna pour ce qui devait être initialement une petite randonnée.

Nous voici donc un peu à la course au timing, nous débarquons à Milazzo du ferry qui nous ramène de l’île-volcan Strómboli. Il est 9h35, le temps de s’offrir un petit cafe latte et une patisserie au port. Nous récupérons notre véhicule de location (une Fiat 500, forcément…) et en route pour le pied de l’Etna pour une petite randonnée sur ce grand Volcan. 
Après 3h de route, nous voici au pied du mastodonte vers Nicolosi, l’Etna est complètement couvert de nuages, il tombe d’ailleurs quelques gouttes de pluie. Mais après tout, nous ne reviendrons pas de si tôt alors on y va quand même. On attaque la route vers le parking le plus haut à Sapienza (1900m). De là part un téléphérique pour monter à 2500m, nous ne sommes pas en avance il est déjà tard et c’est quand même de la haute montagne (le sommet culmine à 3320m). Du coup nous prenons le téléphérique. De là partent des autobus 4×4 (oui ca existe) pour monter encore 300m de plus mais là ça en est trop pour nous, nous monterons à pied. 

Nous avons besoin de chance, nous sommes complètement au dessus des nuages ce qui rajoute encore de l’ambiance à ce paysage hors du commun. Noir de basalte, partout, du sable et des cailloux. Un désert de lave froide. C’est assez incroyable, ce sont des dunes noires. Nous partons l’idée en tête de nous rapprocher du pied du sommet à partir duquel nous avons lu qu’un guide est obligatoire pour la suite de l’excursion. Nous savons aussi qu’il est trop tard pour en trouver un, les départs se font le matin à 10h.

Nous nous promenons dans ces dunes, chaque pas soulève la poussière présente dans le sable de basalte. Ce paysage lunaire est très inspirant. Une vraie découverte si proche et si accessible depuis l’hexagone. Nous voici à l’endroit où s’arrêtent les autobus, le terminus. Nous sommes au pied du de la partie sommitale (il reste 500m de dénivelé pour le sommet), il reste un peu de neige là haut et la fumée blanche s’échappe du cratère. Nous sommes juste devant une petite chaîne en acier présentant un panneau qui nous rappelle les règles à suivre au delà de cette zone. Danger c’est un volcan et il faut être accompagné d’un guide professionnel.

Il commence à se faire tard, il faut redescendre jusqu’aux cabines mais si nous prenons trop de temps nous devrons redescendre jusqu’au parking. Mais la tentation est trop forte, l’intrigue également, nous nous laissons prendre à la tentation de passer la limite et de commencer à monter le Cratère Sud-Est de l’Etna (il nous restera 1400m de descente à pied à l’issue de la montée). 
Le paysage change légèrement. Ce n’est plus du sable mais des gros cailloux de lave. Les chemins ne sont plus des gros chemins accessible par autobus mais des petits sentiers difficiles à distinguer au milieu des rochers. Nous sentons que nous sommes sortis de la zone touristique et que le terrain devient sauvage. 
Nous passons rapidement la limite des 3000m d’altitude et comme en montagne par chez nous, l’altitude se fait sentir. D’autant que plus nous avançons, plus l’air est souffré. Nous commençons à croiser quelques restes de neige de l’hiver précédant. Cela fait longtemps que nous avons croisé les deux derniers groupes qui descendaient, nous sommes seuls au monde, du moins seul sur l’Etna.

Selon le poète grec Pindare, Zeus a combattu puis enfermé le monstre Typhon, père de Cerbère et de la Chimère, sous l’Etna dont il cause les éruptions.

Nous avons retrouvé un gravier de basalte et les derniers mètres se parcourent comme sur une vire. Nous arrivons enfin au sommet, il commence à faire froid, les guident racontent que la température entre le sommet et le pied (presque au bord de la plage) est de 25°C. L’arrivée au sommet est extraordinaire. Personne autour de nous, la terre est hostile, pas le moindre sentiment de vie, l’air y est difficilement respirable, la gorge et les yeux nous piquent. On dirait qu’il y a de la mousse qui pousse ici, mais en regardant de plus prêt c’est du souffre dans la cendre. Le sol n’est fait que de cette cendre grise et jaune, moelleuse et chaude quand on la touche. C’est une expérience unique qui nous rappelle les cours de géologie au lycée avec le couple Kraft (volcanologues célèbres morts dans une coulée de lave). J’ai maintenant très envie de voir un jour un lac de lave, il n’y en a pas beaucoup sur la terre, mais la sensation doit y être incroyable. 

Il est temps de redescendre maintenant, le soleil de novembre n’est pas le soleil d’été et il descend plus vite que nous vers l’horizon. Nous nous lançons donc, c’est assez facile, les graviers nous glissent sous les pieds, nous n’avons qu’à nous laisser glisser avec pour descendre encore plus vite. Nous passons sur des sentiers qui passent par d’autres cratères éteints. La vue est incroyable, mer de nuage, coucher du soleil et ambiance mystique.

Malgré le rythme soutenu, le soleil se couche. Nous arrivons juste au télécabine (fermé). Lumière frontale allumée, nous continuons la descente dans un sable qui noirci avec l’humidité nocturne, la brume humide rajoute à l’ambiance lunaire et incroyable. Les genoux de Margaux commencent à râler un peu mais le voyage en valait vraiment la peine. Nous arrivons au parking, très heureux de notre journée remplie bien au delà de nos espérances en émotions et paysages.