Les Dômes de Miage (74)

Les Dômes de Miage, belle arête plutôt accessible au coeur du Mont Blanc offre une belle course de montagne avec une vue imprenable sur l’Aiguille de Bionnassay et le Mont Blanc. Pour cette (probable) dernière sortie de la saison, je retrouve Pierric, mon dernier compagnon de cordée et Victor, mon ami d’enfance avec qui j’ai fait l’ascension du Mont Blanc !

Jour 1 : Le Cugnon – Refuge des Conscrits

Victor a dormi à la maison la veille. C’est ça de route à faire de moins depuis Grenoble puisque nous prenons la direction de Chamonix. En effet, nous rejoignons Pierric à l’autoroute pour nous rendre aux Contamines, au Cugnon exactement. 

Départ du bas de la montagne vers 10h du matin, skis et chaussures de ski sur le dos (en plus du reste cela commence à faire lourd) car la neige ne part que de 500m plus haut en altitude. 
La montée est rapide et efficace, en un peu plus d’une heure le dénivelé est effacé le sentier étant en très bon état. Alors que la chaleur commence à se faire sentir, nous pouvons chausser les skis dans un virage. Ce qui nous force à faire tomber les baskets et short pour un attirail plus adapté au ski. 
Après une petite demi heure de ski sous le soleil plombant (la réflexion sur la neige accentuant l’effet), nous arrivons au Refuge de Tré-la-Tête qui aurait pu faire office d’étape du soir, mais cela nous obligeait à une deuxième journée trop ambitieuse (1970m – 3673m). Ce sera le lieu de notre pause déjeuner qui commençait à devenir nécessaire. Entre les 700m déjà parcourus, la chaleur assourdissante et l’altitude qui commence doucement à faire son effet, une pause était bien méritée. 
Après quelques minutes, nous arrivons sur le point marqué comme délicat sur le topo (il n’en sera rien), un petit décroché qui nous fait descendre sur la lèvre inférieure du Glacier de Tré-la-Tête. Il faut être attentif de ne pas glisser et tomber au fond du canyon créé par le torrent du glacier. De plus il n’y a plus assez de neige (plein Sud) pour descendre à ski que l’on place sur nos sacs. 

Nous sommes maintenant au pied du glacier ce qui nous offre un petit courant d’air fort agréable. C’est la porte d’entrée sur la superbe réserve naturelle des Contamines-Montjoie. La chance nous permet même d’apercevoir un petit bouquetin en train de brouter sur un éperon herbeux. 
Une fois encordés, même si le glacier ne fait guère craindre, nous entamons la longue montée le long du glacier jusqu’au refuge. Autant dire que ce moment, même si magnifique et préservé (nous ne voyons quasiment personne, assez étonnant lorsque l’on sait le monde qu’il y a à quelques kilomètres de là sur les faces Chamoniardes du massif du Mont Blanc), nous apparaît comme une bavante. La journée commence à être longue après 6,5km et 1400m de dénivelé (équivalent de 23km sur plat) et un soleil infatigable. 
Après une dernière pause bien méritée pour respirer un grand coup, nous attaquons le dernier bout de montée pour accéder au refuge et avoir le droit à un repos bien mérité. Nous faisons les derniers mettre en compagnie d’un couple, on rigolera de la longueur de cette journée, cela nous réconfortera le moral de voir que nous ne sommes pas les seuls à être impatients 🙂

Nous voici au Refuge des Conscrits (2602m), il est 16h. Après avoir mis les skis à sécher et s’être débarrassé de notre lourd matériel, la terrasse du refuge nous fait les yeux nous. Nous y passerons les 2 prochaines heures, une boisson rafraîchissante et désaltérante (Pierric m’expliqua alors que la bière ne désaltère pas…) à la main, doudoune sur les épaules et visage au soleil (cette fois ci Pierric avait pensé à la crème solaire). 
Après quelques jeux de société, nos traditionnelles histoires d’alpinisme autour de la table comme si nous n’en avions pas assez à y être, ou alors comme si cela nous ouvrait encore plus à notre imagination et à nos rêves de grandeurs. C’est d’ailleurs probablement cela, nous affutons notre imaginaire, développons nos rêves d’autres sommets et partageons nos expériences de montagne comme pour les revivre encore une fois. 
Le dîner servi, nous mangeons avec bon appétit avant de filer au lit, une chambre avec seulement des jeunes pour une fois, j’y passerai ma meilleure nuitée en refuge, pas réveillé une fois de la nuit.

Jour 2 : Refuge des Conscrits – Dômes de Miage – Le Cugnon

Il est 4h15, le réveil sonne. Ca nous laisse 15 minutes pour fermer notre sac en silence pour être prêts au service du petit déjeuner. Ce matin nous partons tôt car la chaleur n’est pas un ami de l’alpiniste. Disons que c’est un facteur aggravant du risque (avalanches ou fragilisation du manteau neigeux). L’idée est donc de partir alors que nous sommes encore aux heures les plus froides afin de pouvoir évoluer sur le glacier et sur l’arête sommitale dans les meilleures conditions. Le petit déjeuner est assez copieux aujourd’hui, nous avons même un Nutella bio italien ! 
Nous nous équipons, lumière frontale sur le casque pour démarrer cette nouvelle journée en montagne. Le temps est légèrement nuageux (ca s’était couvert la veille au soir) ce qui fait que la température est plutôt douce. En soit une mauvaise surprise puisque nous cherchions le froid. Le premier pas dans la neige n’est d’ailleurs pas très encourageant puisqu’elle est encore toute molle. Pas de regel à l’altitude du refuge. Avançons voir plus sur les hauteurs si le regel a eu lieu (il aura bien lieu 200m plus haut. Le refuge est également plein sud donc la zone avait eu bien chaud la veille). 
On repart donc finir la remontée du glacier, nous en avions fait la moitié, il en reste donc un autre. Mais ca avance globalement bien même si les effets de l’altitude commencent à se faire sentir, je suis essoufflé assez facilement. 

Arrivé à 3300m nous devons quitter le glacier pour les 200 derniers mètres jusqu’au Col de Miage qui nous ouvrira le chemin les dômes. Le paysage est magnifique, il n’y a pas trop de monde vu l’immensité du lieu. Le Mont Blanc que nous n’apercevons pas nous protège des nuages en provenance de l’Italie.

C’est enfin le moment le plus jouissif, l’arête se distingue devant nous. Elle est bien dessinée, aérienne mais pas trop, composée de deux dômes (bosses) assez évidents avec un petit col plus étroit au milieu. 
Crampons aux pieds, la progression se fait vite, nous sommes à l’abri du vent. Le paysage est grandiose. Nous arrivons au sommet du dôme (3673m) le plus au sud, le temps de manger et boire un petit bout au soleil. 

Il est l’heure de chausser les skis pour une descente bien méritée ! Cette fois ci Pierric à penser à prendre tous les composants de ses chaussures (cf. La Grande Casse) ! On débute par une partie simple, la neige est bien dure, limite gelée mais elle accroche bien. C’est presque comme une piste de ski ! Une seconde partie s’offre à nous, plus pentue et bien gelée, ce n’est pas très agréable et bon, ce n’est pas le moment de glisser ! 
Ca chauffe les cuisses ! Victor est bien en jambes on le retrouve un peu plus bas. Encore une grande traversée en ski puis la fin de la descente se fait dans une neige plus lourde. Au passage, le Mont Blanc se distingue entre les nuages comme pour nous saluer.

La fin de la descente est un peu plus technique (pour ne pas dire folklorique), il faut slalomer entre les cailloux, les coulées de neige et de boue. 
C’est le moment de déchausser, de remettre les skis et les chaussures de ski sur le dos (aïe, c’est lourd) et de finir sur un sentier qui descend jusqu’au parking. 500m de dénivelé négatif qui paraissent ne jamais en finir, car il faut chaud et la journée est déjà bien remplie ! 
Nous voici enfin au parking, l’occasion de se réjouir et de commencer à se raconter cette histoire comme si c’était déjà vieux, le sourire aux lèvres on s’arrête boire un coup dans le village le plus proche avant de reprendre la route vers la ville, avec déjà l’envie de repartir à l’aventure.