Traversée du Bargy (74)

Petite chaine de montagne souvent assimilée dans la chaine des Aravis, elle fait parti des Bornes et en contient son sommet (Point Blanche). Son esthétisme, le nombre de sentier qui la parcoure ainsi que l’enchainement des sommets, assurent une aventure grandiose. Nous voici donc partis avec Sophie (qui a grandit au pied de cette chaîne à Mont-Saxonnex) pour tenter une traversée intégrale du chaînon en 2 jours.
Récit écrit 1 an après.

Jour 1 : Mont-Saxonnex – Petit Bargy – Grand Bargy

Nous voici en route pour 2 jours de randonnée en fin d’été avec l’ambition de traversée l’intégralité de la chaine du Bargy par tous ses sommets ! Beau programme.

Nous partons du pied des pistes de ski du Mont-Saxonnex, village au pied du versant nord du Bargy. Le chemin de randonné est aisé, il fait office de piste en hiver. Ce premier chemin nous mène jusqu’au Lac Bénit, lac anciennement glacier, qui couve de nombreuses légendes.

On raconte que les eaux du lac ont inondé les communes situées en contre bas dans la vallée, c’est alors que les habitants seraient montés pour le bénir afin de calmer sa colère.

Il est également dit que des fées y prenaient leur bain, et que l’une d’entre elle fut capturée par un villageois à qui elle apprit à fabriquer beurre et tomme.

Lac Bénit

Un fois le lac passé, nous attaquons la partie montagneuse de la randonnée. Surplombant le lac, une moraine de l’ère glacière est à gravir pour rejoindre le Col de l’Encrenaz séparant Petit et Grand Bargy.

Col de l’Encrenaz, à l’époque ils avaient du mal à mesurer l’altitude !

Après un pique-nique déjà bien mérité (750m de dénivelé gravis), nous laissons les sacs au col pour emprunter le sentier de gauche nous guidant au sommet du Petit Bargy. Plus étroit, il nous mène d’abord sur un petit plateau où nous reviendrons certainement faire un bivouac un jour, puis à la croix dominant le Petit Bargy. Nous y croisons des aventuriers finissant une grande voie d’escalade.

Panorama depuis le Petit Bargy

Nous ne nous attardons pas trop, la route est encore longue pour l’intégrale du Bargy, et nous n’avons pas encore décidé où nous allons installer notre bivouac pour la nuit. Redescente éclaire au col, nous remettons les sacs sur le dos et attaquons l’ascension du Grand Bargy depuis l’Encrenaz.

Le terrain change immédiatement, nous sommes sur des rochets calcaires où se trouvait anciennement le glacier, érodé par le temps. Plus la moindre flore, il fait chaud et sec et cela nous rappelle que nous avons à gérer le stock d’eau pour les 2 jours puisque nous ne croiserons pas de source. La vue est grandiose sur le massif des Aravis sur la gauche et du Mont-Blanc en arrière plan, ainsi que le Môle sur la droite. Quelques heures plus tard, nous arrivons au sommet du Grand Bargy et sa croix toute récente signée Mont-Saxonnex.

Croix du Grand Bargy

Nous poserons le bivouac ici pour profiter de la soirée et d’un brin d’herbe bien plat, vue sur le Mont-Blanc. Soirée qui nous réservera quelques surprises. Après avoir allumé un feu, le soleil descend vite et la fraîcheur s’installe. Mais nous aurons le droit à la visite d’un jeune bouquetin à quelques mètres de nous, nous offrant un superbe panorama aux couleurs pastels imprimées de l’ombre de l’animal en premier plan.

Jour 2 : Grand Bargy – Pointe du Midi – Pointe de Balafrasse – Pointe Blanche – Mont-Saxonnex

La nuit fût très fraîche et le réveil magnifique.
Il ne faut pas traîner, même si nous sommes déjà en haut du massif (2301m), ce n’est pas encore le sommet. D’autant que chacune des pointes restantes à gravir nous imposent de repasser par un col à quelques centaines de mètre en contrebas.

C’est ainsi que nous attaquons cette première descente qui passe par La Tour pour rejoindre la Combe de Montarquis, le chemin n’est pas aisé et pas très bien marqué. Quelques pas de désescalade à prévoir, à ce moment nous aurons la chance d’apercevoir rapidement un Gypaète au dessus de nos têtes qui se nichera dans la falaise. De là nous partons sur la droite pour monter la Pointe du Midi, premier sommet de la journée, par son chemin le plus facile, la Combe Sauvage. Fantastique spectacle, dès que nous basculons, nous voici au milieu d’une trentaine de bouquetins qui broutent dans la combe. Du milieu de la combe, il suffit de suivre les sentiers (pas toujours évidents) jusqu’à un petit col, puis un sentier en rocher qui monte vers le sommet de la Pointe du Midi (2364m) et de sa croix. A parcourir en allez retour depuis le col.

Pointe du Midi

De là, nous descendons légèrement pour rejoindre la crête que relie ce sommet à notre prochain objectif, la Pointe Blanche (sommet du massif du Bargy). Cette belle crête passe par la Pointe de Balafrasse (par se parcours, quasiment aucun dénivelé à gravir) jusqu’au col du même nom.
De là nous surplombons le Lac de Peyre. Très touristique, nous y voyons de nombreux randonneurs en contrebas. En effet, en plus d’être d’une couleurs épatante, le lac est relativement facile d’accès depuis le côté sud du massif et son Col de la Colombière (accessible en voiture).

Il nous reste l’ascension de la Pointe Blanche, sacré morceau. Deux options s’offrent à nous (nous ne connaissions pas le raccourci), soit descendre au sud pour récupérer le sentier principal, soit emprunter un couloir, une cheminée même, qui permet de gravir le sommet directement depuis le col. C’est ce chemin que nous emprunterons suite au conseil d’un couple que nous croisons, qui nous met tout de même en garde car le chemin est très montagneux. Sophie me signifiant après coup que c’était un guide.

Passage Pellier

C’est donc à l’assaut du Passage Pellier que nous nous lançons. Ca ne rigole pas ici, il y a une main courante sur le début du parcours très raide (c’est quasiment de l’escalade) et le vide est juste sous nos pieds. A la moitié de la cheminée nous apercevons une croix avec un récit de l’histoire de ce passage, qui a été ouvert la première fois en 1877 par Alexis Pellier, chasseur de Chamois. Le raccourcis est très efficace, nous voici au sommet très rapidement.

Croix de la Pointe Blanche

De là, nous devons redescendre un passage en pierre très gazeux vers le Col du Rasoir qui porte très bien son nom. La vue est assez vertigineuse.

Nous reste alors l’ascension du Pic du Jallouvre. Encore un sacré morceau auquel nous renoncerons pour cette fois, nous n’avons presque plus d’eau et il reste encore de nombreux kilomètres de descente pour rejoindre notre point de départ. L’aventure est déjà belle ainsi !
En route pour la longue, très longue descente. Le paysage reste magnifique mais les jambes se font lourdes, nous passons entre les Aiguilles Vertes et la Pointe de Sosay.
Puis passage au Col de Cenise, ce plateau est magnifique et sauvage, un des plus beaux paysages du coin. S’en suivent la piste qui redescend jusqu’aux Frachets puis Morsulaz, notre point de départ.

2 jours à en prendre plein les yeux naviguant à ±2300m d’altitude. Ca sera sans aucun doute un rituel que nous reproduirons avec Sophie. C’est également ainsi que nous faisons le choix de rajouter le Jallouvre à la liste des sommets à gravir (peut être en ski ?) à l’avenir.