Miage, Bionnassay, Mont-Blanc (74)

Retour en haute montagne. Sortie prévue comme le sommet de la saison 2022-2023. Et pour un sommet, quel autre meilleur sommet que le sommet des Alpes, le Mont-Blanc.

Mais cette fois ci, ce n’est pas la route la plus classique. Même si elle fait partie des 5 voies normales, l’Aiguille de Bionnassay reste une voie majeure. C’est d’ailleurs initialement le premier objectif de cette course, le Mont-Blanc n’étant pas le projet initial, mais une fois au pied de ce dernier…

En route donc pour la voie « royale », la ou une des plus belles courses d’arrête du massif du Mont-Blanc, avec le fabuleux enchainement Bérangère, Miage, Bionnassay, Mont-Blanc.

Jour 1 : Cugnon – Refuge des Conscrits

Etape bonus de notre périple initialement prévu pour 2 jours pour rejoindre le refuge Durier depuis Plan Glacier, Victor nous suggère d’ajouter un 3e jour faisant office d’acclimatation préalable à l’atteinte de l’objectif. Bonne idée, nous changeons donc d’approche au refuge Durier en nous rendant dans un premier temps au refuge des Conscrits, puis en traversant l’intégralité des Dômes de Miage.

Petit jeu de voiture entre amis, Matthieu nous fait profiter d’un ami local pour rapprocher notre véhicule de notre point d’arrivé, petit gain et grande joie après notre longue troisième journée à venir.

Nous prenons donc, Matthieu, Victor et moi, le départ de Cugnon, avec un avantage certain ! Nous entamons notre sentier en direction du refuge privé de Tré la Tête. Nous avons bonne allure (nous mettrons un peu plus de 3h contre 4h à 5h indiqués), la température est fraîche et le temps nuageux, parfait pour une journée d’approche.
L’humidité des gros orages de début de semaine se font encore ressentir et nous trouverons sur le chemin quelques bolets et girolles (j’y retournerai autour de la maison quelques jours plus tard).

Nous prenons donc, Matthieu, Victor et moi, le départ de Cugnon, avec un avantage certain ! Nous entamons notre sentier en direction du refuge privé de Tré la Tête. Nous avons bonne allure (nous mettrons un peu plus de 3h contre 4h à 5h indiqués), la température est fraîche et le temps nuageux, parfait pour une journée d’approche.
L’humidité des gros orages de début de semaine se font encore ressentir et nous trouverons sur le chemin quelques bolets et girolles (j’y retournerai autour de la maison quelques jours plus tard).

Nous arrivons assez vite au refuge de Tré la Tête. Un banc face à la vallée fera notre joie pour pique-niquer. Nous prenons l’option « petit café » au refuge et rencontrons Marielle, gardienne du refuge depuis 40 ans puisqu’elle était destinée selon ses professeurs à n’être bonne qu’à garder un refuge. Le monde d’hier n’est pas toujours le meilleur…
Très agréable et sympathique, quelques échanges au coin du bar et avant de partir elle nous confiera un peu de salade verte à monter au refuge Durier pour Manon (la gardienne), qui depuis son petit refuge (nous y reviendrons) a que très peu (voire pas ?) de produits frais.

Refuge privé de Tré la Tête

Nous repartons en direction de notre objectif du jour.
Chance, un nouveau sentier a été tracé ces dernières années avec une grande passerelle, tracé donc bien différent de ma première visite aux Dômes de Miage en ski en 2018. Ce « chemin d’été » va nous faire gagner beaucoup de temps car nous évitons de mettre pied sur le glacier en aval du refuge des Conscrits. Forcément, le chemin est plus rapide et efficace à pied et en chaussures, plutôt qu’en crampons sur un glacier.
D’autant plus que ce passage est tout sauf évident, son nom en fait sa réputation, « le Mauvais Pas » est une descente peu rassurante dans un mixe de neige, rocher peu stage et graviers vers le glacier de Trè la Tête, tout cela dans une pente plutôt raide. Une fois en bas, mettre pied sur le glacier n’est pas non plus aisé. Il faut naviguer entre lac pro-glaciaire, langue instable du glacier et front du glacier.
Que nous sommes bien heureux sur notre sentier !

Vue au surplomb du mauvais pas.

Les kilomètres de distance et les mètres de dénivelé s’accumulant, nous passons cette grande passerelle, tout de même impressionnante, et qui en effet doit faire gagner de nombreuses minutes s’il fallait tout désescalader et re-escalader pour passer le torrent. Puis nous nous rapprochons du refuge des Conscrits, maintenant visible dans un ciel toujours chargé de nuages denses et bas. Nous apercevons parfois sur le versant d’en face avec son Aiguille des Glaciers (3816m), bien au dessus de notre altitude actuelle (2602m), ce qui ajoute à sa grandeur et à la force écrasante de ses glaciers suspendus.

Refuge des Conscrits

Nous prenons pas sous la terrasse du refuge, en caillebotis afin de laisser passer les cumuls de neige l’hiver. Nous pouvons nous soulager de nos sacs, au final assez peu lourds comparé à une expédition hivernale, et séparer les matériels que nous montons au dortoir de ceux que nous porterons dès le départ demain.

Nous nous présentons alors au « bar » du refuge qui fait office d’accueil. Il y a pas mal de personnel, c’est un grand refuge qui a une capacité de 90 places, rénové récemment il dispose même de douches. Mais soyons honnêtes, nous ne sommes pas venus en refuge pour prendre des douches n’est-ce pas ? Ce sanctuaire de l’alpinisme est également un lieu de passage incontournable des classiques Dômes de Miage. Il nous est alors indiqué notre dortoir et notre table pour le diner de 18h. Nous en profitons pour boire un bière et cherchons dans l’espace commun jeux de sociétés et livres. Matthieu partira sur de la lecture alors que je relèverai le défi d’affronter Victor aux échecs. Cela fait maintenant quelques mois qu’il s’exerce en ligne. Je n’ai aucune chance mais je fonce. Il m’offrira une revanche que je perdrais également, mais mon jeu désordonné et non stéréotypé lui causera quelques sueurs.

Diner, une dernière petit lecture et au lit avec les bouchons d’oreilles, le réveil sera nocturne demain pour rejoindre l’Aiguille de la Bérangère qui surplombe le refuge et qui amorce la longue traversée d’arête des cinq Dômes de Miage jusqu’au refuge Durier. En général les skieurs et alpinistes n’en font que trois, les deux derniers étant la liaison entre le Col des Dômes, voie d’accès classique à la course que l’on appelle les Dômes de Miage, et le refuge de Durier, assez isolé et débouchant quasi exclusivement sur l’Aiguille de Bionnassay.

Jour 2 : Refuge des Conscrits – Aiguille de la Bérangère – Dômes de Miage – Refuge Durier

Nuit un peu agitée, pourtant sans trop de bruit et à bonne température. Le stress ou l’excitation ? Ou alors simplement l’altitude qui rend le sommeil plus difficile, mais nous ne sommes pourtant encore pas très haut.

Réveil 5h, petit déjeuner dans le silence et l’obscurité de la grande salle à manger. Le ciel est dégagé, cela annonce certainement un bon regel nocturne et une belle journée pour cette belle traversée d’arêtes mixtes. Nous nous équipons peu avant 6h et attaquons la montée derrière le refuge en direction de l’Aiguille de la Bérangère. Un bon morceau du dénivelé du jour d’entrée de course que nous choisissons de faire déjà encordés afin de répartir le poids de la corde. Et bon, nous serons plus efficaces lors de l’approche sur l’arête, nous n’aurons pas à nous équiper à ce moment.

Départ du dessus du refuge.
Col entre la Pointe des Conscrits et l’Aiguille de la Bérangère.

Nous nous rapprochons de l’Aiguille par son Glacier de la Bérangère, alors que nous remontons la pente dans l’axe SO – NE, le soleil se lève en face de nous. Nous rejoignons le sommet par une courte arrête en rocher puis nous traversons en direction du Nord Est pour rejoindre le Col de la Bérangère. De là, se dresse face à nous un mur de neige de 300m à grimper dans des marches bien taillées par les cordées des jours précédents afin de rejoindre le premier Dôme de Miage qui surplombe le Glacier de l’Armancette sur son versant Nord Ouest. Glacier qui a tristement gagné en notoriété durant ce printemps 2023 suite à une grosse et meurtrière avalanche.

Vue depuis le sommet de la Bérangère.
Aiguille de Tré la Tête

Les paysages sont somptueux, dans le sens de notre avancée, notre regard se laisse capturer tantôt par le Mont Blanc en face de nous, tantôt vers l’Aiguille de Tré-la-Tête main droite, mastodonte culminant à 3895m d’altitude et ses pentes Nord et Ouest invitant à les gravir en ski pendant l’hiver.
L’arête des Dômes de Miage se poursuit donc en neige, large et en bonnes conditions, la progression est aisée. Nous enchainons les 3 premiers Dômes jusqu’au Col des Dômes, voie d’accès classique pour cette traversée qui se fait usuellement dans l’autre sens. Nous croiserons d’ailleurs les cordées rencontrées hier au refuge des Conscrits qui ont fait de Miage leur objectif du jour.

Avant d’attaquer les Dômes restants, traits d’union vers le refuge Durier, un petit casse croute au Col nous redonne un peu d’énergie pour se lancer dans cette traversée plus sauvage, moins pratiquée et en mixte. Nous aurons ici à jongler entre passages enneigés et dales rocheuses de granit Chamoniard.
La progression se fait bien, le rocher est bon et nous sommes seuls.

Face au premier Dôme de Miage.
Après le dernier Dôme, vu sur le refuge Durier.

Seule une descente sur un relai nous fera perdre un peu de temps. Le relai peu visible, il faut le chercher au milieu des rochers, nous tombons sur une sangle, ou devrais-je dire un sanglette. Pas plus emballé, Victor et Matthieu sont confiant et nous préparons le rappel sur ce bout de cordelette. Nous avions lu un peu plus tôt qu’il fallait chercher le relai et qu’il ne se présenterait pas à nous. J’avais la conviction que nous n’étions pas au bon endroit.
Deux cordées de guides et leurs clients arrivent derrière nous, je leur suggère de jeter un coup d’oeil un peu en amont de nous sur la gauche et ils tombent en effet sur un vrai relai spité.
Le temps de ranger notre équipement, nous remontons pour descendre sur un matériel plus sécurisé après quelques minutes d’attente le temps que les 4 personnes passent.
Tout ça pour…. quinze mètres de descente que l’on aurait quasiment pu desecalader !

Nous voici tout proche du refuge Durier, nous l’avons en point de mire. Encore quelques mètres de progression sur une arête en neige, encore un peu de rocher et nous arrivons sur un plat peu après le Col de Miage pour rejoindre ce qui ressemble à un cabanon de métal gris.
Nous rencontrons donc Manon, la gardienne, à qui nous sommes fiers de lui annoncer que nous avons quelques feuilles de salade. Son « mec » comme elle dit, est en train de refaire la terrasse en bois. Au premier abord, Manon est un peu sévère, elle nous explique les règles du refuge avec fermeté, mais c’est avec du recul un simple moyen de s’assurer que tout se passe bien et dans le respect des lieux. En effet, Manon est très sympa. 20 ans qu’elle garde son petit refuge au pied de l’Aiguille de Bionnassay.

Refuge Durier.

Il fait très beau et chaud, les conditions sont idéales et elles sont annoncées tout aussi favorables pour le lendemain. Il y aura du monde au refuge ce soir, bien au delà de sa capacité théorique. Il y aura d’ailleurs de nombreux bivouac autour du refuge.
Nous nous deséquipons et installons nos crampons et piolets à l’extérieur pour le départ du lendemain. Arrivés dans les premiers au refuges, nous trouvons une petite place pour mettre nos sacs à l’intérieur et choisissons des lits en bas pour éviter la chaleur humaine d’une nuit dans une cabane à 20 personnes. Dans cette pièce qui fait office de séjour, salle à manger et chambre, nous nous allongeons alors pour un repos (ou un sieste) bien mérité. Connaissant l’horaire du départ pour le lendemain (ce sera 2 heures du matin), tout repos est bon à prendre. Sans garantie que la nuit soit meilleure que la veille vu la promiscuité avec les autres alpinistes et l’altitude (3369m) qui promet à nouveau un sommeil agité.

Le diner se fera en 2 services avec tout ce monde. Nous prendrons le dessert dehors avec les derniers rayons du soleil afin que le second service puisse se mettre à table. Une fois leur repas terminé, nous règlerons le séjour et nous coucherons. Nous nous sentons tous les trois en forme et prêts à affronter le point culminant de notre course de trois jours. Une grosse journée nous attend, autant par son dénivelé positif (1800m) que par son dénivelé négatif (3500m), sa distance (±20 kilomètres), son altitude (plusieurs heures au dessus de 4000m) et sa durée (quinze heures entre le réveil et l’arrivée à la voiture).

Jour 3 : Refuge Durier – Aiguille de Bionnassay – Mont-Blanc – Bionnassay village

La nuit fut étonnement bonne. La porte du refuge grande ouverte nous a assuré un peu de fraicheur et pas le moindre ronflement. Comme si personne ne dormait ou alors que chaque personne savait qu’il avait un ambitieux objectif le lendemain.
Petit déjeuner copieux, on ne rigole pas avec les calories du matin en montagne. Il y avait même de la crème de marrons, un luxe !

C’est l’heure, nous nous habillons, équipons devant le refuge, c’est encore la nuit noire, il n’y a quasiment pas de lune. Equipés de nos lumières frontales, nous nous lançons à l’assault de l’Aiguille de Bionnassay. Elle nous surplombe et nous débutons par une montée de 300m assez directe et en neige, assez raide mais pas trop, c’est du dénivelé efficace. Un bon moyen de se mettre dans le grand bain.

Nous arrivons alors au pied de l’arête rocheuse de Bionnassay. On attaque les choses sérieuses. Le rocher est bon, de grosses dalles en granit, tout est bien sec avec un bon grip. Nous allons croiser de la neige et gardons les crampons. C’est une sensation assez étrange d’avoir les crampons aux pieds sur du rocher, mais c’est aussi assez rassurant, le moindre petit relief sur le rocher est un bon appui.
Victor part devant, Matthieu au milieu et moi pour conclure la cordée. Il y a déjà des bouchons (pas facile de doubler sur une arête), plusieurs cordées de bivouac sont parties avant nous et ce n’est pas hyper efficace. J’ai en conséquence un peu froid avec les temps d’attente. Puis petit à petit, le rythme prend et nous progressons de façon homogène.
Les dernières pentes pour rejoindre le sommet sont en neige dure, face Est, avec le soleil du matin qui se présente à l’horizon. Il est alors 5h45.

Premiers pas sur l’arête en roche.
Le jour se lève.
Sommet de Bionnassay en approche.

L’objectif principal de cette course de trois jours est alors atteint. Nous nous étions organisés pour atteindre le sommet de Bionnassay, quelle fierté d’en être arrivé là et quelle reconnaissance d’avoir pu le réaliser dans de telles conditions météo et de forme physique. Je suis également très reconnaissant envers Victor et Matthieu qui sont de très bons compagnons de cordée. Notre progression, notre homogénéité et notre bonne entente sont radieux et tout me semble accessible dans ces conditions.

Au sommet de Bionnassay.
Vue sur la suite du programme.

Nous continuons direction Mont Blanc, nous avions convenu que nous descendrions par le Goûter donc quoi qu’il en soit nous devons nous en rapprocher pour faire le choix de bifurquer soit vers second Mont Blanc, soit vers la voie de descente en direction du fond de vallée par le Grand Couloir au dessus du Refuge de Tête Rousse.
Cette partie de la course fait partie des tronçons les plus aériens et les plus esthétiques, mais jusqu’à attaquer la montée vers le Piton des Italiens (d’où sont issus les alpinistes se rendant au Mont Blanc par la voie normale italienne) la portion est très simple. Une arête de neige en faux plat descendant, une nouvelle fois en très bonne conditions et relativement large. J’ai quand même tendance à garder les yeux sur mes chaussures et les crampons de Matthieu qui me précède. Le vide de chaque côté de cette arête blanche me procure un certain déséquilibre et un certain inconfort gastrique.

La partie la plus fine et aérienne de l’arête traversée, nous attaquons un nouveau mur de neige pour rejoindre le Piton des Italiens puis le Dôme du Gouter. Les sensations sont bonnes et l’excitation à l’idée de rejoindre le sommet du Mont-Blanc me donne une impression de force. En moins d’une heure nous avalons la jonction Aiguille de Bionnassay, Dôme du Gouter.

Il est 7h45, l’heure de la réunion de chantier. L’heure de se concerter pour partir soit vers la gauche, direction la vallée pour rejoindre la voiture. Soit vers la droite, l’inévitable (auto)route d’accès au toit des Alpes. Nous distinguons très clairement le chemin emprunté et damé par les alpinistes. Nous apercevons également les traces de ski qui rejoignent le sommet par la face Nord-Ouest.
La decision est simple, tout le monde se sent bien, nous avons très envie de rejoindre le sommet et nous sommes en deçà de la limite horaire de 9h que nous nous étions fixés. En route pour les quasi six cents mètres de dénivelé complémentaires.

Route classique d’accès au Mont Blanc.

Ce n’est clairement pas la partie la plus « belle » de l’itinéraire. Beaucoup de monde, la vue de moins en moins impressionnante au fur et à mesure que nous dépassons le sommet de toutes les montagnes, un tracé damé sur un bon mètre de large.
L’altitude commence à se faire sentir. Nous doublons deux ou trois cordées en accélérant un peu pour vite rejoindre le sentier. A chaque débordement terminé, nous nous tournons les uns vers les autres pour nous dire que la moindre accélération se fait maintenant clairement ressentir. Cela nous fait sourire. Puis nous reprenons l’ascension. C’est assez long en distance, du moins plus qu’il n’y parait quand nous étions au Col du Dôme. En effet, je pense que nous marchons un peu moins vite et à chaque bosse, nous sommes sur l’Arête des Bosses après tous, une nouvelle bosse à franchir se présente.
Nous doublons encore une cordée d’un guide italien et son client qui ne semblait pas franchement dans son assiette. Son guide lui compte les pas en tirant sur la corde. Pas sûr que cet alpiniste se souvienne de toute son ascension une fois de retour en vallée !

Nous y voici, les derniers mètres d’ascension et nous rejoignons le sommet du Massif du Mont-Blanc. Plat, tapissé de traces de crampons et blanc. La satisfaction de l’exploit accompli dépasse largement, à mes yeux, la qualité du paysage qui pour moi est sensiblement la même vue que depuis le hublot d’un avion.
Il y a du monde, certainement une douzaine de cordées. Des parapentistes se font aider pour décoller du sommet. Visiblement peu expérimentés, ils s’y reprennent à plusieurs fois. Leur envol est beau et semble leur procurer une sensation de liberté immense. J’imagine la satisfaction d’une descente de quelques dizaines de minutes quand je sais que nous allons maintenant aborder une dizaine d’heures (ca en sera finalement huit).


La gorgée de génépi bien méritée, production maison de Matthieu, et nous amorçons la descente. Sur un pas plus rapide qu’à la montée évidemment. Je garde en mémoire cette descente raide du Dôme du Gouter jusqu’à son refuge (du Gouter). Que c’est long, que c’est raide, que c’est inconfortable pour les pieds. D’autant que j’y vais avec précaution suite à mes 2 entorses, mes appuis sont sur chaque cheville encore alertes.

Puis changement de décor, sous le refuge, nous abordons une partie mixte, en rocher bien pourrit où il est difficile de doubler les cordées sans prendre de risque pour soit ou pour les cordées en contrebas par risque de chutes de pierres. Ce morceau est très, trop, long, d’autant que ca bouchonne ! Oui, il y a aussi des bouchons en montagne. Nous faisons la queue, le temps que les cordées s’évacuent par la traversée du Grand Couloir. Fameux couloir, réputé pour sa dangerosité due aux chutes de pierres. Nous sommes plutôt chanceux sur ce point, les conditions sont bonnes ; il n’est que treize heures et l’enneigement est important. Conséquence, il y a que très peu de chutes de pierre. Cela n’empêche pas le danger. Une cordée nous précédant dans le passage s’expose au décrochage d’un énorme cailloux, d’ailleurs à quel moment devons nous dire rocher ? L’alpiniste a le très bon réflexe de se coucher, sac à dos vers l’amont de la pente suite au bon coaching de son guide, et le rocher se heurte très violemment dans son sac. Plus de peur que de mal, la corde finira sa traversée lors de sa seconde tentative.
C’est notre tour, nous traversons sans encombre et rejoignons des pentes plus douces, à nouveau en neige, mollie par le soleil. Nous nous déséquipons de nos crampons, baudrier et corde et attaquons alors la phase de glisse. Toboggan jusqu’au refuge de Tête Rousse ! Première partie de chauffe qui ne nous aura pas forcément fait gagner de temps. Il faut trouver le coup de main et la portion était courte.
Sous le refuge de Tête Rousse, un petit passage en rocher nous fait rejoindre une pente de neige qui va en direction du Glacier de Bionnassay en contre-bas. Nous ferons des toboggans de neige jusqu’au Refuge du Nid d’Aigle, nous gagnons ici probablement une à deux heures par opposition au chemin de randonnée standard.

Bionnassay.
Refuge du Goûter.

Nous voici sur la fin des pentes de neige. Les sentes d’été sont visibles et nous nous mettons à randonner de façon plus classique. Les fleurs sont de retour dans les paysages, nous mangeons une violette et la puissance de son parfum est bluffante ! Arrivés au refuge du Nid d’Aigle, nous finissons de nous déshabiller, enfilons nos tenus légères de montée car la température n’est plus la même. Nous nous offrons une boisson et une omelette pour Victor.
Puis nous reprenons notre randonnées sur le sentier qui nous guidera au milieu des prairies fleuries, jusqu’au village de Bionnassay où la voiture nous attend.

Il est 16h54. La traversée est terminée. Nous sommes bien entamés mais toujours en forme et très heureux et fiers de notre course qui s’est passée dans des conditions idéales et qui a rempli toutes ses promesses.

1 commentaire

  1. […] Nous continuons donc la descente par le réputé Grand Couloir. Réputé pour sa dangerosité et ses nombreux cailloux ou rochers qui déboulent dans le couloir à traverser.Avant d’arriver à la zone exposée, je me souviens d’une longue descente, presque une desecalade dans un amas de rochers plus ou moins péteux. Puis en effet, nous arrivons rive gauche du couloir, un cable en fait la traversée et des cailloux chutent dans le couloir. On se fait briefer par Romain, c’est assez simple, on se dépêche, sans courir, non encordés. Tout se passe bien et comme prévu au contraire de ce que l’on aura l’occasion de constater lors de notre seconde ascension du Mont Blanc par Bionnassay. […]

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